Les hommes et les femmes regardent-ils différemment du porno ?
Si la sexualité reste un sujet tabou pour beaucoup d’entre nous, dévoiler ses goûts en matière de pornographie l’est encore plus. Nous avons quand même cherché à savoir. Parce que s’il y a un scoop, c’est bien que la pornographie excite et amène souvent à l’orgasme aussi bien les hommes que les femmes, bien qu’il y ait quelques différences en matière de contenu regardé par les deux sexes.
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La pornographie : loin d’être l’apanage des hommes
Pendant longtemps, on a pensé que la pornographie était réservé à un public masculin. D’ailleurs, les contenus restent très phallocentrés. Mais aujourd’hui, force est de constater que ce n’est plus si vrai. Non seulement les femmes regardent du porno mais elles en regardent de plus en plus et elles l’assument !
En Décembre 2023, Pornhub révélait que les femmes représentaient 31% des visiteurs de son site. Un tiers des visiteurs du célèbre site sont donc des visionneuses. Alors certes, elles en regardent toujours moins que les hommes mais elles sont loin d’être en reste. Une étude Omnibus de 2020, menée par Yougov France, sur un échantillon de 988 personnes de 18 à 34 ans, avait déjà établi le même constat. 79% des hommes avouaient avoir déjà regardé des contenus pornographiques contre 48% des femmes.
Rien de très étonnant quand on sait que les contenus pornographiques activent les mêmes zones du cerveau de l’homme et de la femme. C’est en effet ce qu’a démontré une étude de 2019 menée par des chercheurs de l’Institut Max Planck en Allemagne. Ils rapportent leurs conclusions dans la revue scientifique américaine PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) : « Hommes et femmes présentent une augmentation identique de l’activité dans plusieurs régions corticales et sous-corticales du cerveau » au visionnage d’images à caractère sexuel. Les stimulis sexuels sont ainsi perçus de la même manière par les deux sexes. En d’autres termes, l’excitation est la même.
Des contenus plus trash pour les femmes
Les femmes cachent plutôt bien leur jeu, en témoignent les statistiques.
Softcore et gang-bang
En matière de porno, non les femmes ne sont pas fleurs bleues. Au contraire. Une étude de Playboy de 2015 révélait déjà les catégories préférées des femmes et le softcore trônait en tête aux côtés du gang-bang, des gros pénis, du sexe oral ou encore des plans à trois. Loin donc des entrées que l’on pourrait caractériser de « sentimentale » ou de « romantique ».
« Je me tourne vers des trucs un peu interdits, de l’ordre du tabou, du genre une jeune fille qui a des relations sexuelles avec son beau-père ou son demi-frère. », « Je me dirige plutôt vers des trucs que je ne ferais jamais dans la vraie vie. En somme, je regarde vraiment des trucs assez trash, c’est-à-dire le gang-bang où la meuf […] se fait prendre par 12 mecs », « J’aime beaucoup les plans à trois et tout ce qui touche à l'univers libertin […] les grosses fesses, l’anal et la soumission ». Les témoignages de Sabrina, de Fleur et de Julie, respectivement cités dans l’ordre, sont éloquents. L’étude de Playboy ne semble ni si loin, ni désuète. On retrouve aussi nombre de témoignages féminins qui parlent de soumission, parfois extrême, et de daddy issue.
Du côté des données recueillies par Pornhub, les scènes de missionnaire romantiques ont moins de succès que les contenus trash chez les femmes. La probabilité qu’une femme regarde des scènes de sexe hardcore est en effet 34% plus élevée que pour un homme et 29% pour la catégorie gang-bang. Les femmes fantasment alors de manière plus nette une sexualité qu’elles jugent interdite, qui frise souvent avec la soumission.
Désir de soumission et féminisme
Ce désir de soumission est-il compatible avec un certain féminisme ? En d’autres termes, les femmes doivent-elles culpabiliser de regarder des contenus porno trash ? La réponse est évidente et en même temps, il n’est pas inutile de rappeler que la domination sexuelle n’est absolument pas malsaine.
Il ne faut pas confondre le rapport dominant / dominé que les hommes ont sur les femmes dans la société et la contrainte dans un rapport sexuel BDSM. Dans ce deuxième cas, il ne s’agit que de sexe, d’un jeu consenti entre deux parties dans lequel la femme (ou l’homme) a le désir d’être soumis.e. Autrement, il s’agirait d’une agression sexuelle ou d’un viol… Il est donc tout à fait possible de concilier ses valeurs et fantasmes dans le cadre d’un jeu sexuel. Rien de mal donc, bien au contraire, à être féministe et à aimer se faire attacher et claquer le cul violemment par son partenaire.
Mais d’où vient ce désir de soumission qui semble revenir assez fréquemment chez les femmes ? Il est en partie lié à notre nature animale et au fait que les hommes protégeaient les femmes dans la nature, mais aussi et surtout, dû à notre éducation et à la pop culture. On enseigne en effet aux petites filles à être sages et obéissantes et aux petits garçons à être forts et compétitifs. Les comportements ainsi inculqués dès le plus jeune âge sont ensuite reproduits à l’âge adulte et s’observent aussi en matière de goûts sexuels.
Une appropriation du corps des femmes phallocentrée pour les hommes
Un article du magazine féminin Elle, intitulé « Pourquoi les hommes regardent-ils les films X », révèle les préférences des hommes en matière de contenus pornographiques. Certes, les hommes ont aussi un certain goût pour le hard et les jeux de soumission / domination mais ils citent également le sexe en public, les trios et la sodomie parmi leurs catégories fétiches.
Il semblerait aussi que le corps des femmes soit important à savoir que plusieurs témoignages rapportent qu’il faut que la femme leur plaise avant tout et selon des standards de beauté bien connus. Les gros seins et les grosses fesses sont plébiscitées.
Les hommes ont également tendance à davantage vouloir reproduire ce qu’ils ont vu dans le porno dans la vraie vie. La pornographie est envisagée dès lors comme une pourvoyeuse de fantasmes et a tendance également, pour les hommes, à banaliser la spectacularisation de l’orgasme en recentrant les pratiques sexuelles autour du phallus. Les hommes aiment davantage regarder du sexe oral que les femmes, la sodomie et l’acte pénétratif, surtout quand il est filmé en POV (« Point Of Vue »).
L’étude de Playboy de 2015 ne dément pas tous ces goûts masculins en matière de porno puisque les catégories préférées des hommes étaient à ce moment-là : amateur, oral, gros seins, plans à trois, anal. En revanche, ni gang-bang, ni soumission pour les hommes.